En 2014, la Commission européenne lançait son programme Europe créative avec la grande ambition d'accompagner les acteurs culturels dans la sortie de crise. Les éléments de langage proposaient alors de penser la transition, d’accélérer les mutations, ou bien encore de soutenir l'émergence de nouveaux modèles pour le secteur. 3 ans plus tard, qu'en est-il des premières tendances de déploiement du programme ? Quelles perspectives peuvent se dessiner pour les années restantes ?

Lors de nos journées d’été « Pour une Europe créative », les 5, 6 et 7 septembre, nous souhaitons mettre en perspective ces orientations. Nous examinerons comment les projets présentés par des opérateurs français et soutenus par le programme quel qu'en soit le volet, Culture ou MEDIA, traduisent ce désir d’une « Europe créative ».

En effet, il s'agit bien avant tout de parler d'Europe et de construction européenne. En 2013, nous avions publié une étude des résultats du précédent programme Culture. À l’époque, nous avions demandé à Catherine Lalumière et Jacques Delors de réaffirmer l’enjeu européen de ce programme. Pour l'une, il s'agissait de rappeler que la construction européenne est « un projet de société incluant la réalisation d'un marché unifié, mais allant bien au-delà. Un projet caractérisé par des préoccupations de cohésion et de justice sociale (même si, évidemment, beaucoup reste à faire) et surtout caractérisé par des principes démocratiques et humanistes ». Pour le second, d'affirmer l'urgence d'un « dialogue culturel, si nécessaire pour contrecarrer les tendances au repli et pour préserver (pour les sociétés européennes) leur originalité, leurs langues, leurs identités ».

Le projet européen est dans une crise de légitimité qui dure. Ne nous trompons pas, les acteurs culturels sont traversés des mêmes doutes que l'ensemble des citoyens. Pour autant, ils inventent, organisent et gèrent des projets qui explorent de nouvelles réponses aux crises culturelles de nos sociétés, aux défis techniques, sociaux et économiques, en somme à nombre de mutations européennes.

Certes, les innovateurs ne sont pas toujours compris (trop souvent ?). L’incompréhension ne peut pourtant être la règle ! Il y a là le défi principal pour les politiques publiques : comprendre pour savoir diriger les soutiens au plus près des acteurs, en appuyant les plus pertinents, au moment le plus opportun du développement de leur projet. Une bonne gestion publique demande donc d’évaluer régulièrement si l'on atteint les objectifs fixés. C’est la raison de l’évaluation à mi-parcours que conduit la Commission européenne.

Ces journées de « conversations » sont l’occasion d’un dialogue entre les institutions européennes et les professionnels de la culture. Nous désirons faire remonter certes les difficultés sur le terrain, mais avant tout montrer la vitalité des explorations qui sont conduites, les solutions innovantes répondant, ou mieux anticipant, les nouveaux usages, les nouvelles demandes de nos concitoyens.

Pascal Brunet
Relais Culture Europe